Bernard Saillol occupe une place singulière dans le monde de l’architecture contemporaine en Dordogne. Si ses réalisations les plus récentes font preuve d’une audace esthétique pleine de fantaisie, ses premiers projets empruntent au vocabulaire traditionnel et ont une capacité à se fondre dans le paysage, telles ses maisons, à la manière de l’architecture organique dont les préceptes ont été édictés par Frank Lloyd Wright et repris par Edmond Lay, confrère admiré par Saillol.

Rarement Edmond Lay n’aura semblé aussi proche de son mentor, Frank Lloyd Wright. Comme pour l’architecte américain, nature et lumière sont maîtres du jeu. Effaçant les limites entre les dedans et dehors, récusant la dictature de l’angle droit, l’espace s’épanouit et se libère. Les matériaux eux-mêmes semblent communier avec la nature, pierre brute d’extraction, ou raffinement des bois menuisés.

Construit sur pilotis, le protégeant des inondations, le bâtiment fait référence au mouvement High tech avec en plan la juxtaposition de modules hexagonaux de différentes dimensions, évoquant les nids d’abeilles, et une enveloppe externe polygonale, non porteuse et généreusement vitrée. L’édifice a évolué en 1984 puis en 2016 pour s’adapter aux nouveaux besoins pédagogiques de Canopé (ex CDDP).

La demande formulée par le maire était de concevoir une coulée verte aménagée en parc avec la volonté de dissimuler et d’intégrer la mairie au plus près du terrain naturel. Cette position très forte du maire prend le contre-pied des réflexes habituellement rencontrés pour la conception d’un tel édifice. Ainsi le bâtiment s’incruste dans le talus et sa forme courbe continue les lignes de la composition d’ensemble du jardin.

Contrairement aux premiers immeubles de Mériadeck, la patinoire, implantée au niveau de la rue et sur le plan d’une étoile à huit branches, s’est émancipée du cahier des charges de l’urbaniste Willerval. Le choix de ce volume complexe, entièrement revêtu de cuivre, est lié à l’acoustique, la salle accueillant régulièrement des concerts. En 2004, le bâtiment est restructuré : des percements sont réalisés, une extension en cuivre est construite et l’acoustique de la salle améliorée.

En coeur de ville, ce projet d’ensemble (lieux de travail, équipement culturel et habitat collectif) entre en confrontation avec le contexte urbain existant. Représentative d’une époque de conception urbaine et architecturale, l’urbanisme de dalle s’affranchit du relief en construisant sur plancher libre. L’utilisation de béton préfabriqué témoigne de l’industrialisation des modes de construction.

Le parti constructif procède du mimétisme à la typologie régionale traditionnelle tout en utilisant un vocabulaire architectural contemporain. Les ossatures en béton habillées de briques de parement sont associées à une ossature de poteaux de bois moisés et à une charpente bois (le tout en pin des Landes), tramant le découpage des échoppes, reprenant tous les percements de façade et constituant les balcons et les escaliers.

Cette expérience devait promouvoir le bois dans la construction et les logements sociaux, via la préfabrication. Elle constitue une réponse visionnaire par une forme urbaine ailleurs moins bien pensée, les sept îlots se structurant autour d’une colonne vertébrale arborée. Même si les opérations ou leur rénovation sont inégales, une agréable ambiance règne dans cet univers à la fois uniforme et hétéroclite, entre inspirations régionales des cabanes ostréicoles ou des chalets pyrénéens.

Michel Bourdeau, natif de la région, a positionné la maison de manière à profiter d’un panorama sur la chaîne des volcans du Massif Central notamment par le biais d’une fenêtre de 9.50 m de longueur. Ce projet, dont l’architecte a conçu les éclairages, dessiné le mobilier et le jardin, propose une large perspective intérieure. A noter, l’implication des artisans locaux lors du chantier de construction.

Se faire le plus discret possible, telle était l’intention de ce projet. Ce programme de 12 studios ou T2 s’enterre sous les dunes de Ronce-les-Bains, en préservant la topographie des lieux. Aujourd’hui, l’ensemble est recouvert par le sable qu’une végétation d’herbes et d’oyats a colonisé, masquant totalement les constructions et conservant l’aspect dunaire du site.

La volonté de la municipalité était de créer un nouveau centre pour cette commune en pleine expansion. Le programme est dense : hôtel de ville, centre culturel et bibliothèque-médiathèque, complété ensuite par l’aménagement d’espaces publics, d’immeubles de logements et d’équipements sportifs. L’architecture est sobre et à la monumentalité maîtrisée, prenant la forme d’un monolithe habillé de pierre.

Évoquant l’univers de la bande-dessinée et de l’image, cette réhabilitation d’un bâtiment industriel désaffecté s’accompagne d’une extension sous forme d’une greffe architecturale à l’existant. L’architecture contemporaine permet une nouvelle utilisation des lieux (musée, médiathèque, centre d’imagerie numérique). Le travail de reflets sur les façades est caractéristique de cette époque.

C’est à l’arrière de la longère qui accueille le restaurant que Jean Nouvel a construit, pour abriter l’hôtel, quatre pavillons dont la forme évoque les séchoirs à tabac. Leur silhouette sombre et sobre, sans avant-toit ni gouttière, se barde d’un caillebotis métallique rouge bordeaux. Devant les fenêtres, ces volets-grilles s’ouvrent pour choisir, à tout moment, le degré d’intimité et de vue souhaité. Par cette volumétrie et ces couleurs, l’hôtel se fond littéralement dans l’atmosphère du village.

Réhabiliter des chais de 8 mètres de large sur 130 mètres de long pour en faire des logements, telle est la commande. La difficulté est d’apporter de la lumière. L’astuce consiste à conserver telle quelle la façade sur rue et à en construire en retrait une deuxième entièrement vitrée. Cet espace intermédiaire apporte une lumière abondante aux logements qui se développent sur 3 ou 4 niveaux, ouvrant sur des balcons ou terrasses suspendues.

C’est sur l’Île de Vassivière « territoire de rencontre entre nature et sculpture » que l’on découvre le CIAP. Ce bâtiment est inspiré d’un vocabulaire architectural emprunté au thème de l’eau : une tour-phare, base d’observation et de réflexion, et un bâtiment aqueduc, lieu de créations et d’expositions. Cet ensemble massif, construit en granit, béton et brique, s’impose dans le paysage verdoyant de l’île.

L’hôtel prend place dans le centre de Dax en bordure de l’Adour. Vu de l’extérieur, il présente des façades simples et égales, entièrement vitrées mais dérobées au regard par les jalousies de bois sur toute leur surface. La disposition des chambres autour d’un atrium central donne à chacune une vue privilégiée sur la rivière et/ou sur la ville.

Les formes géométriques de cet ouvrage, composé de deux corps de bâtiments rectangulaires reliés par une verrière triangulaire, sont mises en valeur par un jeu d’ombre et de lumière affirmé par le contraste entre les matériaux. Malgré sa position dominante sur l’échangeur de l’autoroute A63, cette oeuvre forte, adossée à la colline, n’est qu’entraperçue par les voyageurs happés par le péage.

Résolument industriel dans son architecture, le projet de l’ENAD associe béton, acier, bois et verre, et offre une grande modularité dans les volumes et les apports de lumière. Cherchant à préserver les espaces de création, les concepteurs ont pris le parti de fermer le bâtiment côté boulevard par un mur plein en béton, tandis que la façade opposée, entièrement vitrée, s’ouvre largement sur un parc arboré propice à l’inspiration.

Située sur les quais de la Charente, cette réécriture contemporaine d’une architecture vernaculaire associe sous-bassement en pierre à des matériaux contemporains notamment métal et verre. Le projet comprend la restructuration d’un pavillon existant auquel s’est ajoutée une extension avec une attention portée à la facilité de circulations des visiteurs.

Le bourg est constitué d’une succession de places enherbées. Sur l’une d’entre elles, s’insère la maison des associations aux lignes sobres. Elle est composée d’un volume rectangulaire qui contient la salle, enserrée dans un cylindre correspondant aux annexes. Le choix des matériaux, comme les moellons de pierre, amplifie cette sensation de simplicité et d’adéquation avec l’architecture locale.

Suspendu sur une forêt de poteaux dessinant des V, le bâtiment de la faculté des sciences inscrit sa silhouette monolithe au sein du campus universitaire d’Agen. La puissance de cette masse en béton est pondérée par le traitement subtil des façades, percées de bandeaux filants de baies et revêtues d’une fresque aux reflets changeants. À ses côtés, un second édifice parallélépipédique, plus dense, accueille la bibliothèque.

Le projet consistait à réaménager un ancien hôtel particulier du 17e situé en centre-ville pour y accueillir une partie de la faculté de droit. Tout en conservant la façade du bâtiment ancien, M. Fuksas a proposé une réponse résolument contemporaine : une façade rideau en verre de laquelle émergent les deux amphithéâtres matérialisés par des ovoïdes en zinc. Une architecture surprenante mais qui a su trouver sa place.

Ancré sur la colline dans sa partie nord, le bâtiment affirme son architecture dans sa partie sud. Perpendiculaire aux courbes de niveaux, il épouse la topographie du site. Son architecture horizontale accompagne le passant circulant sur l’autoroute et s’intègre dans l’environnement boisé. Ses façades abondamment vitrées et rythmées par les brise-soleil laissent pénétrer la lumière naturelle et offrent ainsi une large vue sur le paysage.

Au coeur de l’université Michel Serres, sur une emprise de 16 hectares autour d’une ancienne ferme, le plan d’aménagement de l’ENAP est élaboré par M. Cantal- Dupart (urbaniste) et J. Coulon (paysagiste) autour de l’idée d’une école ouverte. Les bâtiments d’enseignement et les trois villages d’hébergement sont répartis sur le pourtour d’un parc central sans clôture. Un canal paysager organise les déplacements des étudiants sur le campus.

Du haut d’une palissade en bois, tel un chemin de ronde, le visiteur peut observer les loups, dans une vaste clairière. Le bâtiment en bois émerge de la forêt, telle une pagode moderne. La pierre, le socle et les affleurements granitiques des Monts de Guéret sont omniprésents. Alliés au bois et à la forêt, ils donnent une ambiance forte, support à tout l’imaginaire lié à la présence du loup.

L’autoroute A89 croise ses voies en fuseau de façon à encadrer une « île » oblongue qui reçoit l’aire de repos dans un cadre forestier. L’axe du bâtiment d’accueil se matérialise par une longue allée couverte, monumentale, sur laquelle viennent se greffer différents locaux fermés, en alternance d’espaces semiouverts. L’usage de certains symboles de la Corrèze (châtaigne, pin Douglas...) est original et ingénieux. Des extensions ont été réalisées sans concertation avec l’architecte.

Tandis que l’ancienne façade du Gallia, théâtre à l’italienne, est conservée, une peau de cuivre pré-patinée vient habiller le nouveau bâtiment pour permettre une rencontre entre patrimoine et contemporain. C’est à l’intérieur que tout se joue : la nouvelle salle de théâtre propose une synthèse entre la convivialité des salles à l’italienne et les salles frontales contemporaines.

Le premier musée est créé dès 1913 dans l’ancien château des Eyzies, agrippé à la falaise et dominant la vallée de la Vézère. Ce site exceptionnel est prolongé en 2004 d’un monument contemporain abritant les nouvelles galeries d’exposition, un auditorium et des locaux administratifs. Le nouveau musée dessiné par l’architecte Jean-Pierre Buffi dissimule sa monumentalité entre village et falaise, par un jeu de volumes découpés dans la pierre ocre et patinée.

Donzenac est une cité médiévale assez préservée pour que ses remparts marquent le paysage urbain et inspirent une continuité contemporaine. Le schiste ardoisier, fortement identitaire, a été choisi pour constituer les gabions qui structurent un nouvel espace public. La maison de santé, littéralement accrochée au-devant de la ville, s’intègre par son volume traditionnel très épuré et ses couleurs sombres.

C’est une réalisation monumentale qui cependant s’insère en douceur au-devant d’un petit village de demi-montagne. Une grange dans un pré est le point de départ du projet ; sa typologie élémentaire est reprise et bien sûr réinterprétée, pour les corps principaux du musée. L’ensemble des bâtiments est composé en bordure de route, tandis que l’immense prairie en talweg, demeurée libre, est aménagée par les paysagistes Desvigne et Dalnoky.

Le rapport d’échelle entre le bâti ancien et le cube contemporain donne cohérence à ce projet qui joue également sur la relation entre le plein et le vide. L’utilisation de matériaux contemporains s’associe au bois tel un pont avec les matières plus traditionnelles comme la pierre. La discrétion du projet témoigne de l’harmonie entre architecture contemporaine et vernaculaire.

Le bois est omniprésent dans la construction de cette salle polyvalente de loisirs. L’ossature principale est constituée de 10 fermes en chêne taillées au banc de taille suivant un principe constructif de triangularisation. La structure secondaire est également en chêne. Le bardage bois composé de lames de châtaignier non déligné donne à l’ensemble de la construction un aspect très rustique, bien intégré à son environnement.

Troglodyte sans référence locale historique, cette réalisation est insolite en Corrèze. Le programme de trente gîtes s’inscrit on ne peut plus naturellement au gré d’une vaste prairie dominante, en forme d’amphithéâtre. Chaque logement, en béton, est enterré à mi-pente de sorte de n’avoir qu’une façade, vitrée, au sud, avec une vue sur la campagne sans aucun vis-à-vis. La distribution, piétonnière, s’organise depuis le haut du site.

Équipement expressionniste d’un site naturel fragile des Landes, le bâtiment d’accueil de la réserve répond au besoin paradoxal de gestion d’une population excessive et de sensibilisation du plus grand nombre à ses écosystèmes rares. Les architectes concilient la discrétion d’une construction en bois avec l’audace d’une structure organique inspirée du monde lacustre.

À la fois simple et raffinée, la médiathèque adopte le triangle du socle en pierre sur lequel elle est implantée à la confluence des gaves d’Aspe et d’Ossau. Avec son long volume habillé d’une résille de bois à claire-voie, elle s’ajuste au caractère affirmé des rivières pyrénéennes et a su répondre à l’enjeu de revalorisation d’une friche industrielle située en coeur de ville.

En bordure du port autonome de La Rochelle, la salle de musiques actuelles « La Sirène » instaure un nouveau rapport entre la ville et le port. Ancien entrepôt reconverti, elle redynamise des espaces en marge de la ville. Sa silhouette ludique bicolore signale l’équipement dans le paysage. Telle une balise marine, elle annonce son rôle actif dans la vie culturelle de La Rochelle.

Ce projet de construction neuve répond à plusieurs objectifs : supprimer la précarité locative, améliorer le confort d’accueil et de fonctionnement, se doter d’espaces de réunion et de communication, mettre en adéquation l’image du CAUE avec son rôle de promotion de la qualité de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement.

Les architectes réinterprètent de façon contemporaine et en bois le principe des échoppes bordelaises : alignement sur rue, toiture à deux pentes dissymétriques plus haute sur la rue que côté jardin, un espace commun à l’arrière, ici, la venelle. Même la souillarde s’y retrouve ! Elle s’est transformée en jardin d’hiver, orientée au sud et non chauffée et contribue à la régulation thermique de la maison.

Champ de foire puis parking au 20e, la place de la Brèche s’est transformée en un jardin urbain primé victoire d’or du paysage en 2014. Son classement a contraint les concepteurs à effacer les éléments du cahier des charges dans un grand sous-sol. Les jardins s’appuient sur une prouesse technique : un jardin sur dalle au-dessus d’un parking souterrain, d’une salle multiplexe et d’une salle d’exposition.

L’implantation des bâtiments instaure un dialogue avec le site, sa morphologie et son paysage. Les espaces extérieurs s’organisent autour d’un mouvement du terrain naturel et l’utilisent comme élément de composition. Pour s’inscrire au mieux dans son environnement, le double dialogue « recto verso » s’inscrit dans le site. L’articulation des 3 grandes entités du programme recompose le paysage par une alternance de pleins et de vides successifs.

La piscine de l’école militaire, en béton, était considérée comme une verrue. Les architectes ont transformé ce lieu sans en perdre la mémoire : miroir qui coupe l’espace en deux et donne l’illusion de voir le bassin, charpente en arête de poisson et beaucoup d’autres détails. Ils ont ajouté une extension très contemporaine et créé des ouvertures et terrasses qui s’ouvrent sur la ville.

La Cité Internationale de la Tapisserie Aubusson préserve un savoir-faire vivant reconnu par l’Unesco. La monumentalité du bâtiment d’origine, l’École Nationale des Arts Décoratifs construite en 1969, est mise en valeur par la réhabilitationextension terminée en 2016. La nouvelle peau, qui isole et protège les façades, signe l’identité de la Cité en faisant écho à la tension des fils, aux couleurs des teintures et au bois des métiers à tisser.

La grotte de Lascaux est un des sites majeurs de la vallée de la Vézère inscrite à l’UNESCO. La construction du nouveau fac-similé répond à plusieurs objectifs : préserver la colline de Lascaux, présenter la quasi-intégralité de la grotte, offrir aux visiteurs des explications complètes sur l’art pariétal dans des conditions d’accueil optimales. Les architectes norvégiens de l’agence SNøHETTA ont conçu un bâtiment-paysage en incisant délicatement la colline, pour mieux disparaître.

Ce pôle d’accueil pour jeunes enfants est inscrit sur un site particulièrement sensible d’un point de vue historique et patrimonial, et à l’articulation du prochain éco-quartier du cœur de bourg. Il dialogue finement avec son environnement tout en affirmant son caractère novateur et tourné vers l’avenir. Mené en partenariat avec l’Architecte des Bâtiments de France et avec les opérateurs de l’éco-quartier, ce projet révèle une concertation réussie et appréciée.

Le CAUE33 déménage dans un bâtiment industriel réhabilité du centre-ville. De par sa situation urbaine centrale et enclavée, le projet gravite autour d’une serre et d’un patio. La mise en œuvre d’une structure bois issue de filières locales couplée à une conception bioclimatique tente de démontrer que rénovation et bâtiment bas carbone ne sont pas incompatibles. Livraison en 2018 !